A GLIMPSE AT SARAJEVO est un projet de film géo-graphique autour d’une ville et d’un concept : Sarajevo et la ligne.

La Bosnie-Herzégovine est traversée par la ligne de démarcation Inter Entity Boundary Line (IEBL) qui partage le territoire en deux, résultat des accords de Dayton de 1995, censés séparer pour permettre un État unitaire. Sarajevo est un point de passage de cette ligne.

Le film est une enquête sur cette ligne-frontière : comment se manifeste l'IEBL dans le paysage ? Témoignages des autochtones et étude des cartes disponibles seront le point de départ de cette enquête. Ces interrogations sur l’IEBL nous mèneront à explorer d’autres lignes : celles que tracent la ville et ses habitants.

Ceux qui feront le film feront aussi des lignes. Des linemakers faiseurs d’images pour qui il s’agira d’éprouver le traçage : faire l’expérience du tracé dans le paysage réel. Craie et charbon seront utilisés pour dessiner ces lignes éphémères. Plusieurs zones stratégiques de la ville et de son histoire seront investies : la vieille ville ottomane, les collines périphériques, les alentours de l’aéroport, puis la montagne Bjelasnica, lieu palimpseste, ancienne station olympique, puis couloir de combats et d’exil pendant le siège, aujourd’hui station de ski en réhabilitation.

A cette polyphonie de lignes, nous répondrons par la diversité de nos six regards et la diversité des supports que nous utiliserons. Du dessin à l’image en mouvement, du tracé à la captation vidéo, des sons à la voix.

Un puzzle de regards et de formes à la recherche d’une unité.

19 juillet 2009

Première semaine de tournage


Une première semaine de tournage s'achève. Notre travail à Sarajevo s'organise. Nous avons loué une voiture qui nous permet de quadriller les alentours de Sarajevo et de tourner les premiers travellings.

Nous nous sommes concentrés essentiellement sur l'observation des zones traversées par l'IEBL à Sarajevo. Partis du sud de la ville (l'aéroport, Dobrinja), nous avons remontés les bordures de la ville jusqu'au Mont Trebevic.

L'approche est simple : après des repérages cartographiques ou satellites, nous nous rendons sur un lieu. Des déambulations dans le paysage nous mènent à la découverte d'indices ou non (présence policière, panneaux indicateurs, plaques et numéros de rues, transports, lieux de cultes, cimetières). Des rencontres avec des piétons ou des habitants nous permettent de confirmer ces indices puis d'établir un repérage précis. Ces repérages nous donnent cependant moins accès à la délimitation d'une ligne qu'à la localisation d'une zone tampon (zone de mélange, de croisements, de flux, de passages : espace entre deux ou plusieurs lignes).

Traverser ces zones est pour nous le premier acte créatif, avant même d'enregistrer notre observation puis de garder une trace de notre contact avec la zone en question. Interroger ces territoires, c'est enfin interroger le devenir des personnes rencontrées.

Nous sommes agréablement surpris de ces rencontres et de la bienveillance des gens à notre égard. Les regards des passants sur la caméra sont d'abord interrogateurs, puis amusés.

Après un premier tracé libre d'une ligne de craie dans les montagnes de Jahorina, nous partons pour quelques jours vers les montagnes de Kozara à la rencontre des artistes du groupe TAČ.KA.