A GLIMPSE AT SARAJEVO est un projet de film géo-graphique autour d’une ville et d’un concept : Sarajevo et la ligne.

La Bosnie-Herzégovine est traversée par la ligne de démarcation Inter Entity Boundary Line (IEBL) qui partage le territoire en deux, résultat des accords de Dayton de 1995, censés séparer pour permettre un État unitaire. Sarajevo est un point de passage de cette ligne.

Le film est une enquête sur cette ligne-frontière : comment se manifeste l'IEBL dans le paysage ? Témoignages des autochtones et étude des cartes disponibles seront le point de départ de cette enquête. Ces interrogations sur l’IEBL nous mèneront à explorer d’autres lignes : celles que tracent la ville et ses habitants.

Ceux qui feront le film feront aussi des lignes. Des linemakers faiseurs d’images pour qui il s’agira d’éprouver le traçage : faire l’expérience du tracé dans le paysage réel. Craie et charbon seront utilisés pour dessiner ces lignes éphémères. Plusieurs zones stratégiques de la ville et de son histoire seront investies : la vieille ville ottomane, les collines périphériques, les alentours de l’aéroport, puis la montagne Bjelasnica, lieu palimpseste, ancienne station olympique, puis couloir de combats et d’exil pendant le siège, aujourd’hui station de ski en réhabilitation.

A cette polyphonie de lignes, nous répondrons par la diversité de nos six regards et la diversité des supports que nous utiliserons. Du dessin à l’image en mouvement, du tracé à la captation vidéo, des sons à la voix.

Un puzzle de regards et de formes à la recherche d’une unité.

12 juillet 2009

Arrivée à Sarajevo


Après plus de vingt huit heures de train, nous sommes arrivés à Sarajevo.

Nous logeons dans l'appartement d'un français exilé à Sarajevo, momentanément en vacances en France. L'appartement est équipé d'Internet. Toutes les conditions sont réunies pour bien travailler. Nous sommes presque au sommet d'une montagne de la ville. Nous voyons en face les anciennes lignes serbes.

Le climat est le même que les fois précédentes : difficile. Il fait très lourd et des orages éclatent plusieurs fois dans la journée.

Le soir même de notre arrivée, nous avons profité d'un vernissage dans une petite galerie d'art contemporain (10m2) pour entrer en contact avec des personnalités de la culture locale. Beaucoup de discussions, déjà, sur le concept de culture et les problématiques sous-jacentes dans un pays comme la Bosnie-Herzégovine. Des journalistes et des employés de l'ambassade ont reconnu Clément, grâce à l'article du Télégramme : leurs alertes Google sur la Bosnie-Herzégovine leur avait permis de recevoir l'article.

Les gens disent facilement que le pays sera bientôt franchement divisé, que la partie serbe sera bientôt autonome. Nous n'avions jamais entendu de point de vue si franc jusque là. Un journaliste a plaisanté et nous a dit : lorsque vous repartirez, dans un mois, vous ne travaillerez plus sur un pays mais sur deux.

Surtout, tout le monde ici veut aller de l'avant. Les gens semblent las des problématiques politiques. Et, en même temps, aucune discussion ne peut faire l'impasse sur le problème de la division. Paradoxe que nous devons prendre en compte dans notre démarche. Approcher les gens par les ouvertures pour mieux comprendre les noeuds.

Le travail se met peu à peu en place, nous essaierons de vous tenir régulièrement informés de nos avancées et de nos rencontres.